Une filière émergente autour d’une légumineuse très prometteuse : le Sainfoin

sainfoin

Dans le cadre de sa visite dans le département de l’Aube, l’ARTB revient sur une plante pleine de promesses : le Sainfoin.

Généralement semé en juillet dans la région auboise, le sainfoin est une légumineuse (Fabacées) qui se cultive sur un cycle de 2 (voire 3) ans. De retour dans les champs depuis une dizaine d’années environ, cette plante calcicole couvre environ 1

8 000 ha de surfaces au niveau francais. Si on la retrouve dans nombre de régions (Languedoc, Alpes du Sud ou encore Poitou), cette plante n’est toutefois cultivée pour le débouché « deshydraté » (cf. plus bas) que dans trois régions : la Champagne, la Bourgogne et le Périgord.

Avec un total de 3 « coupes » réalisées chaque  année, le sainfoin « deshydraté » produit en moyenne 9 tonnes de biomasse fraîche par an et par hectare.

 

Une plante aux multiples atouts

Le sainfoin trouve des applications en lien avec ses propriétés médicinales (en ce sens et bien qu’il ne soit pas qualifié de produit de biocontrôle à ce stade, il semble jouer un rôle intéressant pour la santé végétale et animale de certaines espèces).

Riche en métabolites d’intérêts et appréciés des éleveurs, le sainfoin présente de multiples intérêts. Il favorise la fixation de l’azote atmosphérique par la plante, attire les pollinisateurs, ne provoque pas de météorisation[1] et limite les rejets d’azote urinaire et de méthane chez les animaux qui le consomment frais et/ou sous forme de concentré.

Certaines des molécules extraites du sainfoin – en synergie avec d’autres molécules - ont démontré leur intérêt dans la lutte contre le court-noué, une des maladies responsables du dépérissement de la vigne et difficile à éradiquer depuis l’interdiction au début des années 2000 des nématicides chimiques.

Doté de ces multiples atouts et en lien avec plus de 12 ans de recherche[2], la filière sainfoin « deshydratée » auboise - structurée par son pôle coopératif « amont » Sainfolia et son pôle « aval » Multifolia – cherche à accroître la valeur ajoutée associée à cette plante tout en optimisant la rémunération de ses adhérents coopérateurs.

[1] La météorisation est le gonflement de l'abdomen par accumulation anormale de gaz.

[2] Notamment en partenariat avec l’INRAE de Colmar depuis 2016. Le sainfoin a fait l’objet de deux thèses publiées en 2017 et une en 2021. Une autre est lancée en 2021.

 

Une filière agroécologique en développement

Essentiellement utilisé à des fins fourragères, le sainfoin peut également être « concentré » et commercialisé sous forme de pellets après déshydratation (ou via d’autres modalités de séchage haute température). Au niveau français, ce débouché reste toutefois marginal : 700 ha de sainfoin étant effectivement destinés au débouché déshydratation (contre 80 000 ha pour la filière luzerne).

Plusieurs agriculteurs de l’Aube ont toutefois décidé de se lancer dans l’aventure du « sainfoin » déshydraté et ont structuré une filière de la déshydratation de sainfoin avec la création en 2015 d’une coopérative (baptisée Sainfolia)  qui compte actuellement 70 adhérents.

En complément de la production de pellets de sainfoin, ces agriculteurs ont développé une activité en lien avec la production de miel biologique de sainfoin mettant à profit toutes les ressources de cette plante mellifère dont les fleurs odorantes attirent les butineuses.

Grâce à cette activité supplémentaire, la filière sainfoin de déshydratation s’offre une source de revenus complémentaires aux coopérateurs-apiculteurs !    

  

 

Essais sur les fermes pilotes ITB (PNRI) et PSE éventuels

Outre les travaux de recherche et d’innovation en lien avec les propriétés intrinsèques de biocontrôle du sainfoin, cette plante peut être intégrée dans les parcelles betteravières via la mise en place de bandes en « bordure » ou en intra-parcellaires. Des tests ont d’ailleurs été lancées dans le cadre du PNRI et au sein des fermes pilotes ITB : l’implantation de ces « bandes » pouvant avoir de possibles impacts bénéfiques en lien avec le développement des auxiliaires une limitation du pullulement es populations de pucerons qui véhiculent les virus de la jaunisse.

D’un point de vue économique et outre les activités d’apiculture qui permettent de mieux valoriser la plante, l’utilisation du sainfoin dans le cadre de projets permettant d’accéder à des Paiements pour Services Environnementaux (PSE) peut constituer une voie supplémentaire de valorisation pour la filière et participer ainsi à sa solidité.