Betteraves : indexation du prix des betteraves sur les marchés à terme du sucre

Après avoir lancé une expérimentation portant sur l’indexation du prix des betteraves 2021/22 en utilisant le marché à terme de Londres, la NFU Sugar et British Sugar viennent d’annoncer sa généralisation pour la prochaine campagne 2022/23.


Très concrètement, cela signifie que les planteurs britanniques vont pouvoir, lors de la campagne 2022/23, indexer le prix de leurs betteraves – pour un volume n’excédant pas 10 % du volume de leurs contrats de livraison - sur le marché à terme de Londres. Une belle opportunité au regard du niveau actuel des cours sur le marché londonien qui cote actuellement 490 USD/t sur le terme éloigné de décembre 2022.

Pour rappel, le fonctionnement d’un tel contrat - pour une campagne N/N+1 donnée - est le suivant :

  • A partir de la signature du contrat (été/automne N-1) et jusqu’au 1er septembre N, le planteur se réfère au marché à terme du sucre blanc (LDN#5) à échéance décembre N, sur une plate-forme gérée par un trader (en l’occurrence Czarnikow dans la cas britannique).
  • Grâce à une formule mise au point entre les parties, un prix de betterave « indexé » est alors calculé.
  • Si le planteur considère ce prix de betterave « indexé » attractif, il peut alors décider de retenir ce prix comme prix effectif pour le paiement de ses betteraves.
  • En fin de campagne, le planteur reçoit le montant « indexé » qu’il a arrêté par le biais de son trader.

Ce mode de fonctionnement que l’on peut qualifier d’« agile » permet ainsi aux parties (planteurs comme sucriers) de gérer leur risque de prix de manière indépendante. C’est par ailleurs un moyen intéressant de pouvoir bénéficier des éventuelles hausses de prix sur le marché international, hausses qui sont généralement peu impactantes sur le marché communautaire en raison du mode de contractualisation actuellement en vigueur[1].

Michael Sly, Président du conseil d'administration de NFU Sugar a ainsi déclaré : « Après le succès du projet pilote (qui a été mené) cette année, le contrat indexé au prix du marché à terme sera désormais disponible pour tous les producteurs de betteraves sucrières du Royaume-Uni. Ce contrat offre aux producteurs et aux transformateurs la possibilité de fixer un prix attractif, signifiant que toutes les parties peuvent en bénéficier. »

Il a par ailleurs évoqué l’intérêt grandissant d'autres pays de l'UE pour ce système. Danske Sukkerroedyrkere (association regroupant les planteurs de betteraves danois) et Nordic Sugar (entreprise sucrière danoise sous le contrôle du groupe allemand Nordzucker[2]) ont en effet annoncé qu’un contrat au fonctionnement similaire serait testé lors de la campagne 2022/23. 

[1] Pour plus de détails sur l’impact de ce fonctionnement depuis la fin des quotas : https://www.artb-france.com/nos-analyses/marches-international/462-evolution-prix-du-sucre-depuis-la-fin-des-quotas.html

[2] Pour rappel, Nordzücker une coopérative sucrière allemande qui a acquis des parts majoritaires dans une usine australienne : un pays où l’indexation sur les marchés à terme est en place depuis plusieurs dizaines d’année.


Quatre ans après la fin des quotas et dans un contexte où certaines cultures alternatives attractives offrent déjà la possibilité aux agriculteurs de s’arbitrer sur les marchés à terme, ce nouveau schéma de fonctionnement pourrait être de nature à revivifier la dynamique « betterave ».

Pour plus d’informations :

https://www.nfuonline.com/news/media-centre/press-releases/new-one-year-sugar-beet-contract-agreed-for-2022/

https://static1.squarespace.com/static/5de90cf8dd3f36311697d699/t/60dc0c79fd031a7859015e63/1625033850510/2021-06-30+Principaftale+2022+DK+FINAL.pdf