Analyse de cycle de vie du sucre biologique produit par Südzucker

Acteur important de la production de sucre de betterave biologique en UE depuis de nombreuses années, Südzucker (SZ) a publié, courant décembre 2021, un document de synthèse récapitulant les principaux résultats d’une analyse de cycle de vie (ACV) qui a été réalisé par l’intermédiaire d’une société externe indépendante suisse appelée EBP.

L’étude, qui prend en compte des facteurs d’analyse environnementaux mais également sociaux, permet ainsi de mieux positionner et d’évaluer l’impact de ce mode de production tout en fournissant des critères de comparaison avec le sucre de canne biologique provenant du Brésil et du Paraguay et à destination du marché allemand. 

Retour sur les principaux enseignements de ces travaux.


Eléments méthodologiques de l’analyse

Selon les éléments indiqués dans l’étude, le volet environnemental de l’analyse de cycle de vie qui a été menée s’appuie sur :

  • Les données moyennes (2015-2019) environnementales de SZ en ce qui concerne le mode de production du sucre biologique allemand,
  • Les données moyennes (2015-2019) de la base Ecoinvent6 ainsi que sur des données propres la société suisse EBP (datant de 2015) en ce qui concerne le mode de production du sucre biologique brésilien et paraguayen[1].

[1] Des ajustements de données sont toutefois mentionnés dans le rapport d’étude et ont visiblement été effectués sur des bases bibliographiques et avec l’appui d’experts du secteur sucrier paraguayen. Le détail des ajustements effectués n’est toutefois pas disponible.

En ce qui concerne les aspects sociaux, toutes les données analysées correspondent aux données moyennes (2015-2020) recensées dans la base de données SOCA.

L’ensemble des calculs d’ACV réalisés couvrent les étapes de production d’une tonne de sucre livrés (fictivement) à un acheteur basé à Marburg, ville localisé à environ 100 km de Francfort et situé à équidistance de Rain am Lech (où le sucre de betterave allemand de SZ est produit) et le port de Hambourg où le sucre de canne paraguayen et brésilien est traditionnellement livré.

L’analyse et les calculs environnementaux de l’étude ont été effectués en adéquation avec la méthode Product Environnemental Footprint 2018 (PEF 2018). Quant aux calculs relatifs aux critères sociaux, ils ont été réalisés en s’appuyant sur la méthode Social Life Cycle Analysis (S-LCA), méthode qui découle elle-même des recommandations du Programme Environnemental des Nations Unis.

Autre point méthodologique important : l’ensemble des résultats sont fournis de manière relative, SZ souhaitant éviter que les chiffres de son étude ne soient comparés avec d’autres études utilisant des méthodologies d’analyse distinctes.


 Les résultats de l’étude

L’analyse distingue les résultats environnementaux et sociaux.

D’un point de vue environnemental, les résultats présentés focalisent sur plusieurs catégories d’impact « clé » dont le poids est significatif (de l’ordre de 70%) dans le cadre de la méthode PEF 2018 qui regroupe un total de 16 catégories d’impact.

En ce qui concerne l’empreinte carbone de la production/distribution du sucre de betterave produit à Rain em Lach et acheminé à Marburg, elle se révèle inférieure à celle du sucre de canne brésilien ou paraguayen importé dans cette même ville : l’empreinte étant 80% moins élevée que celle du sucre biologique paraguayen (le sucre biologique brésilien étant quant à lui 60% inférieure à cette même référence paraguayenne).

Dans le même temps et bien que les deux pays sud-américains disposent d’un avantage en matière d’utilisation d’énergie fossile lors du processus de transformation industrielle (l’utilisation de la bagasse de canne permettant de couvrir les besoins énergétiques de l’usine), il semble que l’étape logistique de transport du sucre biologique de canne jusqu’en Allemagne ainsi que le mode de culture de la canne pèsent assez significativement sur cette catégorie d’impact. In fine et en vertu de cette étude, l’utilisation d’énergie fossile se retrouve:

  • quasi-identique pour le sucre allemand et paraguayen,
  • supérieur de 20% pour le Brésil.

L’étude note également que le niveau d’eutrophisation et d’acidification des milieux est globalement moins impactant dans le cas du sucre de betterave allemand bien qu’aucun chiffrage clé concernant l’eutrophisation ne soit fourni.

Au final, l’ensemble des catégories d’impact environnemental de la méthode PEF 2018 font apparaître une empreinte environnementale moins impactante pour le sucre de betterave biologique allemand : l’empreinte étant 66% moins élevée que celle du sucre biologique paraguayen (le sucre brésilien étant quant à lui 50% inférieure à cette même référence paraguayenne).

Quant à l’empreinte sociale de l’ACV réalisée, le résultat combiné des 34 indicateurs pris en compte dans le cadre de la méthode S-LCA montre qu’elle est 70% moins élevée dans le cas du sucre de betterave biologique allemand par rapport à celle du sucre biologique paraguayen (le sucre brésilien étant quant à lui 20% inférieure à cette même référence paraguayenne).       

Malgré ces résultats très favorables au sucre biologique produit et distribué en Allemagne, l’entreprise souligne toutefois qu’il existe encore un potentiel de progression non négligeable pour améliorer ses performances.

L’étude souligne enfin l’intérêt d’une communication sur la nature locale de la production de sucre de betterave biologique allemande tout en indiquant que la mention « sucre biologique de betterave » (et non pas « sucre biologique » uniquement) devrait être privilégiée.