Focus sur l’IRTE, un indicateur de suivi de l’effet des produits phytosanitaires

Dans le cadre du développement de son projet d’observatoire de la durabilité des filières betterave-canne, l’ARTB souhaite faire un gros plan sur l’indicateur qui permettra d’appréhender l’effet des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité.

L’IRTE ou indicateur de risque de toxicité sur l’environnement est un des indicateurs clé recommandés par le Commissariat Général au Développement Durable du Ministère de l’Environnement. Il a été utilisé dans différents travaux portant sur l’impact des pratiques phytosanitaires viticoles en particulier sur la santé des opérateurs et de l'environnement[1][2][3]. Les données utilisées concernent les propriétés physicochimiques et écotoxicologiques des matières actives proviennent de la base de données PPDB[4] (Pesticide Properties DataBase) accessible en ligne et mise à jour régulièrement.

Complémentaire de l’IRSA (indicateur de risque sur la santé de l’applicateur) et de l’IFT (indice de fréquence des traitements) dans la mise en œuvre du plan Ecophyto[5], l’IRTE a été développé par le laboratoire CIHEAM-IAMM de Montpellier au sein du logiciel EToPhy (Evaluation de la Toxicité des Phytosanitaires) rendu accessibles sur la plateforme web Dephyto[6].

 

L’IRTE d’une matière active, déterminé à partir de six variables, est calculé grâce à la formule suivante :

IRTE = [(1,75x(T+0)+A+M+P+B+1]²

Il prend en compte les impacts de cette matière active en termes de :

  • T = toxicité aigüe pour les organismes terrestres (vers de terre et abeilles)
  • O = toxicité aigüe pour les oiseaux
  • A = toxicité aigüe pour les organismes aquatiques (poissons, daphnies, algues et plantes aquatiques)

Auxquels sont associés des notions de comportements physicochimiques des matières actives dans le milieu :

  • M = indice de mobilité de la substance active
  • P = indice de persistance de la substance active
  • B = indice de bioaccumulation de la substance active

Un IRTE à l’échelle du produit commercial sera obtenu en sommant les IRTE des matières actives contenues dans ce produit[7] en tenant compte de la concentration des matières actives dans ce produit et des doses d’application. Une note globale sera calculée via la plateforme Etophy sur l’ensemble de l’itinéraire technique, afin de prendre en compte des effets de seuils selon que les produits soient appliqués successivement ou concomitamment.

Associé à des itinéraires techniques complets de protection des cultures de betterave ou de canne, l’IRTE participera à l’atteinte des objectifs de suivi et d’évaluation du niveau de durabilité de la filière fixés par l’ARTB dans le cadre de son observatoire.

 


 

[1]Assessing plant protection practices using pressure indicator and toxicity risk indicators: analysis of therelationship between these indicators for improved risk management, application in viticulture Mghirbi Oussama, Ellefi Kamel, Le Grusse Philippe, Mandart Elisabeth, Fabre Jacques, et al.

[2]Aouadi, N., Macary, F., Delière, L., & Roby, J. P. (2021). New Scenarios for a Shift towards Agroecology in Viticulture. Agricultural Sciences, 12(10), 1003-1033

[3] Projet PhytAE soutenu par le CIVB

[4] http://sitem.herts.ac.uk/aeru/ppdb/

[5] https://agriculture.gouv.fr/le-plan-ecophyto-quest-ce-que-cest

[6] https://www.dephyto.com/

[7] A titre d’exemple l’IRTE du fongicide SPYRALE correspondra à la somme des IRTE difénoconazole et fenpropidine.